Pékin fait pression pour que Nicolas Sarkozy renonce à rencontrer le dalaï-lama
LE MONDE | 19.11.08 | 15h50 • Mis à jour le 19.11.08 | 15h50
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/11/19/pekin-fait-pression-pour-que-nicolas-sarkozy-renonce-a-rencontrer-le-dalai-lama
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La relation franco-chinoise traverse à nouveau une passe difficile en raison du Tibet : l'annonce faite la semaine dernière par Nicolas Sarkozy à propos de sa rencontre, le 6 décembre, avec le dalaï-lama en Pologne à l'occasion du 25e anniversaire de l'attribution du prix Nobel de la paix à Lech Walesa, a déchaîné l'ire de Pékin.
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La relation franco-chinoise traverse à nouveau une passe difficile en raison du Tibet : l'annonce faite la semaine dernière par Nicolas Sarkozy à propos de sa rencontre, le 6 décembre, avec le dalaï-lama en Pologne à l'occasion du 25e anniversaire de l'attribution du prix Nobel de la paix à Lech Walesa, a déchaîné l'ire de Pékin.
Depuis, une négociation tendue est engagée entre les deux pays : la Chine veut faire plier Nicolas Sarkozy et le forcer à annuler son entrevue avec le chef du gouvernement tibétain en exil. Le président français n'a nullement l'intention de revenir sur le principe de cet entretien, lui qui avait déjà, par égard pour la Chine à la veille des Jeux olympiques du mois d'août, renoncé à s'entretenir avec le dalaï-lama après avoir laissé auparavant entendre qu'il le verrait.
"Les Tibétains n'ont pas à souffrir de la répression, et ils ont droit à la liberté", avait déclaré le 13 novembre M. Sarkozy dans un discours prononcé à l'Elysée après que la revue Politique internationale lui avait décerné son "prix du courage politique". En conclusion d'un long développement consacré à la politique internationale, le chef de l'Etat avait lâché, comme s'il s'agissait d'une chose bien anodine : "le dalaï-lama est un homme de qualité, un homme profondément respectable, que j'aurai l'occasion de voir en Pologne".
A Pékin, c'était aussitôt la consternation. M. Sarkozy a pris la diplomatie chinoise par surprise. A titre de comparaison, avant de rencontrer cette année le dalaï-lama à Londres, au siège de l'archevêché de Canterbury, le premier ministre britannique Gordon Brown avait mis les formes : il avait appelé personnellement son homologue chinois Wen Jiabao, l'informant de sa prochaine rencontre avec la bête noire de Pékin, celui que la propagande décrit ici comme "le loup en robe de moine". Le pouvoir chinois avait réagi comme à l'accoutumée, exprimant son opposition à toute rencontre entre le chef de l'Eglise tibétaine et des responsables politiques étrangers. Mais l'affaire fut vite enterrée et l'on passa à autre chose.
Tel pourrait ne pas être le cas de la réaction chinoise à l'égard de Nicolas Sarkozy : la Chine ne s'y retrouve plus dans les méandres des décisions présidentielles, et la presse aux ordres du pouvoir se permet des articles peu amènes critiquant le caractère impulsif et imprévisible du président français.
"Les relations actuelles entre la Chine et la France sont en train de s'améliorer et de se développer, a expliqué un porte-parole du ministère des affaires étrangères, Qin Gang. Cette situation est le résultat d'un travail difficile. Nous demandons à la France de (...) prendre en compte les sérieuses préoccupations de la Chine, et de traiter certains problèmes de manière appropriée pour promouvoir le développement stable des relations franco-chinoises et sino-européennes." Dépouillé de l'épaisse gangue du jargon diplomatique chinois, le message implicite de cette déclaration est limpide : Pékin exige de la France l'annulation de la rencontre annoncée.
SOMMET UE-CHINE
Au printemps dernier, Nicolas Sarkozy avait déclenché la fureur pékinoise après avoir laissé entendre qu'il n'assisterait pas à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin si la Chine ne renouait pas le dialogue avec le dalaï-lama à la suite des violentes émeutes de Lhassa.
A la veille du début des olympiades, après deux réunions entre des émissaires du dalaï-lama et des responsables du Parti communiste chinois, Nicolas Sarkozy avait cédé : il avait renoncé à rencontrer le chef religieux tibétain lors d'une visite en France de ce dernier, dépêchant à sa place son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, et le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner.
Il est douteux que le président français obéisse cette fois-ci à l'oukase pékinois. Le calendrier choisi par M. Sarkozy ne pouvait tomber à un plus mauvais moment : sur fond de crise financière se tiendra à Lyon, le 1er décembre, le sommet annuel entre la Chine et l'Union européenne.
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